Les fortes températures annoncées pour ce vendredi après-midi nous obligent à changer les horaires de la marche nordique. Le départ est fixé à Giey-sur-Aujon, devant l’église à 9 heures. 19 marcheurs et marcheuses répondent présent à l’appel. Le square de la faïencerie au centre du village est un endroit idéal pour pratiquer nos échauffements en toute sécurité.

Nous quittons Giey, nous passons devant l’ancien château. La rue est bordée d’anciennes maisons de caractère. Le site magnifique autour du pont en pierre qui enjambe l’Aujon nous interpelle.

Commencent alors les premières sensations fortes de la marche nordique avec l’ascension du coteau qui surplombe le village. Le chemin grimpe  en direction de la ferme de la Rente-sur-Villiers avant de pénétrer dans la fraîcheur ambiante qui règne au cœur de la forêt. Celle-ci nous tient à l’ombre sur les deux tiers du parcours et cela nous convient bien en cette matinée très ensoleillée. Sur le chemin du retour, un point de vue nous offre une vision panoramique sur le village et ses environs. Au fond de la vallée, les prairies souffrent de la sécheresse et l’Aujon ressemble plus à un ruisseau qu’à une rivière en cette période d’étiage. Nous pénétrons dans le Giey par la « rue de la Ganterie » bordées de grandes maisons en pierre de pays. Certaines sont entourées de murs, avec porche et cour intérieure. Le village compte de nombreuses fontaines-lavoirs. Les rues sont bordées de trottoirs depuis 1898.

Le passé industriel de Giey-sur aujon est chargé d’histoire.

En 1760, une filature, l’une des plus anciennes de France, est implantée par un Suisse. En 1781 l’usine prospère. Une vingtaine de métiers à tisser sont en action. Les indiennes (toiles peintes) et les droguets (étoffe de coton tramée) partent dans tout l’est de la France. En 1805 l’entreprise compte encore 96 ouvriers (12 pour les toiles peintes et 84 pour la fabrique de coton). A cette époque, un problème de trésorerie  met l’entreprise en difficulté : le gouvernement réclame 20 000 livres prêtées par le duc de Penthièvre avant la révolution. La situation financière se dégrade. Bientôt l’usine ferme.

Vers 1808 une fabrique de porcelaine s’implante à l’emplacement de l’ancienne filature. On la doit à François Guignet , né le 4 octobre 1771 à Flagey . L’’approvisionnement en kaolin est fait à Limoges. Les rouliers partent pour deux mois avec tombereaux et chevaux afin de ramener la matière première introuvable dans la région. Les produits de luxe tournés et cuits, (des belles cafetières, des tasses, de magnifiques vases et des assiettes), rivaliseront de 1820 à 1830 avec ceux de la manufacture royale de Sèvres.

Des spécialistes étrangers (peintres italiens) sont embauchés. Les peintures et les dorures, sèchent dans les hautes maisons du village offrant de vastes greniers. Les décors des services sont extrêmement fouillés avec des compositions florales minutieuses exécutées dans de délicates harmonies de vert, de mauve et de roses parfois agrémentées de rubans. En 1844, l’établissement est en faillite et les bâtiments sont vendus.

En 1883, à l’initiative de l’abbé Cudel un atelier de confection de gants est ouvert.L’abbé s’occupe exclusivement les affaires de l’entreprise. En 1906, il est remplacé par un autre curé à la tête de la  paroisse. L’entreprise va fort bien et la main-d’œuvre locale ne suffit pas à la demande. 60 à 70 ouvrières découpent, cousent la peau et confectionner les célèbres gants français destinés à l’Amérique. La ganterie fermera en 1931 alors qu’il ne reste plus que 8 ouvrières.

Cette belle marche nordique a satisfait le groupe. D’autres découvertes nous attendent la semaine prochaine à Vaux-sous-Aubigny.

A P.